Benjamin ROUX.

Imaginez une ligne qui naîtrait au cœur de la terre, glissant à travers les âges, puis remontant en surface pour frôler l’infini. Mon travail pictural naît d’un double regard : celui du photographe, d’abord, puis celui du peintre. Je commence par capturer des instants du quotidien à travers l’objectif. Des scènes brèves, furtives, qui me touchent par leur intensité silencieuse. Ces photographies deviennent ensuite la base d’un processus de transformation où je tente de retranscrire, non pas l’image figée, mais le passage du temps lui-même.

Je peins ces instants comme s’ils étaient emportés dans un courant, traversés par une vitesse invisible. Les formes se distordent, les contours s’effacent, les couleurs se superposent et s’étirent. Le rendu est souvent abstrait, presque spectral, comme si l’instant avait été balayé par une rafale de mémoire. Il ne reste que des nuances, des flux de mouvement, des impressions chromatiques – échos sensibles d’un monde qui file trop vite.

À travers cette peinture en suspens, je cherche à capter une illusion de temporalité, une sensation de "présent mouvant". Mon approche est brute, instinctive, mais toujours nourrie par une volonté de ralentir le réel, d’en révéler la poésie cachée.

Mon art est une tentative de retenir, même brièvement, l’éclat d’un moment vivant avant qu’il ne s’efface.